samedi 21 décembre 2013

Saintélyon 2013




Saintélyon 2013 






«  Ne lâchez rien ! Vous êtes des guerriers ! »



Ces paroles là résonnaient déjà dans ma tête lors des longues sorties de préparation, à la frontale, sous des trombes d’eau… Ma présence sur cette édition 2013  présageait une édition fidèle à sa réputation (Monsieur Chat noir météo) du froid, de la glace, de la boue, un remake de la version 2012 !

Après une sympathique Pasta Party au Flore avec les copains de BNP et Trailéman, c’est en mode « qu’est-ce que je fou là » que je me dirige dans le sas de départ…
Suivi de près par mon garde du corps (alias Papy) nous nous faufilons tant bien que mal parmi les milliers de coureurs déjà présents. Je me prépare depuis des semaines pour cette aventure là et j’ai pourtant un sentiment bizarre à quelques minutes du coup d’envoi. Je pense à tous ceux qui sont bien au chaud dans leur lit et je me demande pourquoi je m’emmerde à faire des courses aussi longues à minuit, dans la neige et le froid… J’ai envie de rentrer chez moi !!!
Heureusement des pensées plus positives viennent remplir mon esprit, je me concentre rapidement sur ce pourquoi je suis là : boucler ma seconde Saintélyon en 2 ans de course à pied ! 

Il faut le faire, je dois le faire ! Cette Saintélyon c’est ma course celle dont je suis le plus fier d’être finisher et cette année j’ai une Sainté de Bronze à aller chercher ! Moins de 10h… Voir mieux si c’est jouable du coup objectif de cette nuit : finir en moins de 9h !!! Merci David pour la technique, tu vises 10h ? alors va chercher les 9h…








Minuit, c’est une tradition le départ est donné sur le son de U2, de quoi mettre la patate ! Les premières frontales sont déjà loin lorsque je passe sur la ligne de départ et je commence à trottiner tranquillement dans les rues de St Etienne.
Il fait -5°C et les trottoirs sont glissants, je sais donc à quoi m’attendre, les yaktrakx sont au chaud dans le sac et je compte bien les enfiler dès la sortie de Sorbier…
Le chrono tourne, les kilomètres défilent, Papy a décroché lors d’un faux plat montant et c’est désormais seul que va se poursuivre l’aventure, je rentre tout de suite dans ma bulle.

10ème km : sortie de Sorbier, les frontales prennent le relais des lampadaires, l’aventure "Saintélyon commence". Les premiers chemins gelés apparaissent, les premières glissades, les premiers cris de douleurs, les premiers bouchons… Pas questions de me laisser endormir dans ce faux rythme, je décide de me garer sur la droite du chemin, j’enfile mes yaktrakx, cette fois c’est parti ! Je double, double et double du monde. Là ou les coureurs hésitent, moi je trace tout droit ! Un pur régal. J’économise beaucoup d’énergie et je garde une foulée naturelle, ça fait beaucoup de bien au moral après une édition 2012 marquée par les chutes sur la glace…

St Christo 1er ravitaillement km16. 1h39 / 1083ème
Comme en 2012 j’ai décidé de ne pas m’arrêter, je poursuis donc ma route tranquillement sans m’affoler, il reste encore 60km de course ya pas de quoi s’inquiéter !
Jusqu’à Ste Catherine la technique sera simple je prends la voie Express et je double dès que je peux ! Les descentes et les côtes s’enchaînent, tantôt sur les chemins, tantôt sur la route mais dans tous les cas j’avance et si possible en esquivant les coureurs qui, en tombant, essaient de se rattraper à mon sac ! Certains prennent des vols planés monumentaux, et se relève tant bien que mal sans trop savoir où ils sont. La route va être longue jusqu’à Lyon pour ceux-là… Le passage sur les crêtes est une formalité, bien moins froid que l’an dernier et les jambes sont bonnes. Certains soufflent déjà comme des bœufs dans les montées, on se croirait au salon de l’agriculture !
La descente de Plein-Pot (si si c’est comme ça qu’elle s’appelle) passera sans encombre et j’arrive rapidement sur sainte Catherine.

Ste Catherine 2ème ravitaillement km 30. 3h14/ 784ème
300 places de gagner et vraiment sans forcer… je prends juste le temps de remplir ma poche à eau et je ressorts rapidement en mangeant une barre de céréales. 3h16 je suis sur la route, 2 min pour ravitailler je n’ai pas chômé sous le chapiteau ! J
Je reprends mon petit bonhomme de chemin, je suis conscient que la route est encore longue mais je suis en avance sur mon plan de course et les jambes répondent bien, je me sens en confiance avec les yaktrakx, rien ne peut m’arriver ! JOHN POWER !
La neige a laissé place à la terre mais c’est vraiment bien gelé de partout, et ça glisse régulièrement. J’hésite à enlever les chaînes mais des coureurs tombent encore de temps à autre sur des plaques de verglas et j’ai décidé de ne prendre aucun risque sur cette course. La montée dans le bois d’Arfeuilles arrive et il faut bien le dire elle m’a bien surpris ! Je ne me souvenais pas qu’elle était si raide et si longue, elle aura au moins le mérite de calmer mes ardeurs. Merci au comité d’accueil à la sortie du bois, les encouragements ont fait chaud au cœur.
La descente sur St Genoux me permet de doubler encore quelques coureurs et nous arrivons au Ravito.

St Genoux 3ème ravitaillement km 42. 4h47/ 701ème
Et Hop 80 places de gagnées ! Et sans forcer ! Ma stratégie fonctionne pour l’instant comme sur des roulettes, je marche dès que ça monte, je laisse filer dans les descentes avec les yaktrakx aucun risque de chute et j’attends Soucieu gentiment pour mettre en route ! Et pour l’instant ça paie ! Je suis frais, je sens quand même que j’ai un marathon dans les jambes, mais le moral est bon et il me reste des forces.
Côté nutrition je bois régulièrement (cela évite en même temps que le tuyau de la poche à eau gèle) et je mange toutes les heures.
Je traverse le ravitaillement le plus vite possible, pas d’arrêt à St Genou pour moi et je continue ma route.
Je décide de me mettre en mode gestion de course, il faut vraiment arriver avec des jambes à Soucieu si je veux finir vite cette année.
Le problème c’est que mon genou gauche commence à faire des siennes, une douleur apparaît au niveau de l’articulation ou plutôt une gêne, comme si la machine commençait à se gripper. Bizarre comme sensation, pas de problème pour marcher mais dès que je me mets à courir, un coup d’aiguille vient me transpercer la rotule pendant 2/3 secondes, me forçant à m’arrêter. Je parviens à courir sans problème pendant 4 ou 5 minutes puis de nouveau, la douleur apparaît…
Du coup je double des coureurs dès que mon genou me laisse tranquille mais ces mêmes coureurs me doublent dès que je suis obligé de m’arrêter. A ce petit jeu c’est moi qui perd car le moral en prend un coup, je perds du temps sur mes temps de passage. Bref en l’espace de quelques instants, toute ma course s’effondre et plus rien ne va. Je ne vais pas pouvoir continuer comme ça jusqu’à Lyon d’autant plus que cette douleur au genou se fait de plus en plus fréquente. Sur le coup "Saint Genoux" n’est pas avec moi !! C’est le moins que je puisse dire…

Soucieu en Jarrest 4ème ravitaillement km 55. 06h26/ 707ème.
J’avais prévu de faire le plein en eau sur ce ravito, et là pour la première fois je m’assois sur un banc, prends le temps de remplir en eau et de rajouter 2 stick de Nutraperf. Je n’ai que 4 min de retard sur mes temps de passage mais mon état ne va pas me permettre d’aller chercher les 9h. Je prends donc le temps de réfléchir 5 min, il reste 20km avant de rejoindre Lyon, c’est faisable même avec mon genou en vrac, et je serai vraiment trop dégouté d’avoir jeté l’éponge si près du but. Je décide donc de repartir, je relancerai dès que je peux et je marcherai quand mon genou fera trop mal…
Les chemins ont majoritairement disparu pour laisser place à de longues portions bitumées. Cela ne me dérange pas trop au moins plus de risques de chute et en prime nous assistons à un magnifique levé de soleil. Vraiment grandiose, du jaune, du rouge, du rose, du bleu, toutes ces couleurs envahissent le ciel, quel plaisir de pouvoir être là ! Beaucoup de coureurs me doublent, j’essaie comme je peux d’accrocher quelques wagons mais mon genou ne me permet pas de tenir très longtemps et m’oblige à des arrêts de plus en plus fréquents. Vraiment frustrant car j’ai vraiment de bonnes jambes et sans ce problème de genou moins de 9h et la Sainté d’argent étaient largement réalisable… Je vais devoir me contenter du Bronze et finir comme je peux, le moral n’est plus là mais au moins je sais que je vais boucler ma seconde Saintélyon ce qui en soit n’est déjà pas si mal.




Beaunant 5ème et dernier ravitaillement km 70. 08h20/ 803ème
J’ai perdu une centaine de place mais je n’ai pas vraiment d’objectif au niveau du classement… il reste 6km à parcourir pour franchir la ligne et j’ai déjà 20 min de retard sur mes temps de passage, impossible de terminer en moins de 9h surtout que la terrible côte des aqueducs se dresse à présent devant nous… Pas possible de courir dans cette côte, c’est bien trop raide mais en mode marche rapide je double des coureurs et mon genou ne me fait pas mal. Puis au sommet de la côte Estelle me rattrape et me double :
-Hey Estelle ?  
- oh John ! Ca va ?
Elle ne m’avait pas reconnu, sans doute trop occuper à finir comme un boulet !
Je prends donc le train en route et je m’accroche à ses baskets, on échange quelques mots, ca fait du bien car cela fait quasi 09h de temps que je suis dans ma bulle et que je ne calcule personne…
Il fait beau, le soleil brille sur Lyon et on aperçoit déjà le palais des sports au loin, ça sent bon l’écurie ! Mais pas le temps de trop tergiverser car Estelle a décidé de ramasser les morts sur cette fin de course et la Garmin ne descend pas en dessous de 11km/h. Les 180 marches d’escaliers sont descendues dans la douleur mais pas question de laisser filer Estelle. Une arrivée en duo sauverait ma fin de course… je m’accroche, les jambes sont bonnes et le genou reste douloureux mais qu’importe, on va finir et on ne cesse de doubler des coureurs, beaucoup marchent, on a l’impression de voler !  
Quelques hectomètres, les photographes, les barrières, les spectateurs de plus en plus présents, le palais des sports de Gerland… On passe ensemble sous l’arche d’arrivée, on l’a fait, on a bouclé la 60ème Saintélyon ! 743ème en 09h09min59s.







Toujours beaucoup d’émotions dans ce palais des sports, beaucoup de coureurs pleurent de joie, certains sont fatigués et s’écroulent ! D’autres ont le sourire, tout le monde se félicite ! On a bravé le froid, la glace, les chutes, la boue, la nuit… on est des guerriers !

Pour ma part, je suis évidemment très heureux d’avoir terminé, mais je reste quand même un peu déçu de ne pas avoir fait une course complète. J'avais vraiment les jambes pour aller faire moins de 9h mais mon genou en a décidé autrement... Pas grave il y aura d'autres courses et d'autres occasions d'aller se faire plaisir sur les chemins... 

1 commentaire:

  1. Bravo Jonathan pour ton super chrono et ton CR toujours aussi détaillé et si intéressant à lire et à relire.
    Une saison 2013 de cap bien remplie et vivement la suivante pour de nouvelles aventures à découvrir sur ton blog.
    Bonnes fêtes et une très bonne année 2014.
    Ciao
    papy

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le Bélier La Clusaz